lundi 3 juin 2013

126- Vient de paraître: Ces joyaux nommés kasbahs.

    Billet n° 126: Ces joyaux nommés kasbahs.
            J’ai le vif plaisir de vous annoncer la parution, chez Edilivre, de mon cinquième livre : "ces joyaux nommés kasbahs". Il s’agit du troisième tome d’une série d’ouvrages que j'édite sous l’intitulé : "Le Maroc, ce pays qui fascine"
           J'ai également la joie de vous informer que le comité de sélection a décidé d'éditer cet ouvrage dans la collection:
Coup de Cœur.
******************


Présentation de l’ouvrage


           On ne peut visiter le Maroc sans voir les villes impériales, ces cités mythiques qui semblent concentrer, en elles seules, tout le patrimoine historique, culturel et artistique du pays. Les palais, les médersas, les mausolées, les riads sont les symboles de la grandeur, du raffinement et du luxe. Mais l’art architectural marocain, à la fois très riche et très diversifié, ne se manifeste pas seulement dans ces anciennes capitales ; il est également -et surtout- présent dans le milieu rural, dans les montagnes de l’Atlas, en pays berbère.

           Certes, là-bas, l’architecture de pisé est modeste mais combien raffinée, imposante, noble et pleine de charme. Là-bas, dans les hauteurs de l’Atlas, comme disait Tahar Ben Jelloun, «tantôt rouille, tantôt brune, la terre est pauvre. Elle est muette, fermée sur sa mémoire. Au pied de la montagne, la vie. Une vie quotidienne, rude, simple. Le village est retiré, presque élu par la nature, qui le met à l'écart des routes…(1) C’est là-bas où l’on découvre les ksour (2) et les kasbahs, les Ighrem(3) , les joyaux de l'architecture traditionnelle marocaine.

           «Kasbah», cette appellation récente de «Ighrem», est un terme générique dont l’acception n’est pas toujours bien cernée. Pour le touriste qui visite le Maroc pour la première fois et qui séjourne dans ces hôtels luxurieux qui se sont inspirés de l’architecture locale tout en adoptant un design moderne, la kasbah est appréhendée, non pas comme une entité artistique porteuse de culture, mais comme un simple style de look. La kasbah, à l’instar du Riad très prisé en ces derniers temps, est plus un signifiant qu’un signifié. De prime à bord, le terme séduit plus que l’édifice. C’est en pénétrant dans les fins fonds du grand sud marocain que ce nouveau touriste se fera une idée générale et précise de cette magnifique bâtisse qui peut être château, forteresse ou cité.

           Il faut signaler que dans les grandes villes impériales, la kasbah peut parfois n’être qu’un simple quartier de la médina, qui a hérité cette appellation de son passé historique.

           La vraie kasbah est le symbole de l’architecture berbère qui a échappé à l’influence de l’art hispano-mauresque. Elle a été souvent la demeure seigneuriale d’un caïd ou d’un pacha ou une forteresse impénétrable qui défendait la population locale(4) . C’est une bâtisse aux murailles épaisses, en pisé, avec des donjons fortifiés et crénelés à ses angles. Au centre de l’édifice, un patio ouvert diffuse de la lumière. Les tours et les hauts des murs sont ornés de motifs géométriques en creux et en relief. La plupart des kasbahs sont implantées dans la région d’Ouarzazate et principalement, le long d’Oued Dadès et de Oued Draa.
           Les groupements d'habitations de couleur ocre, essentiellement collectifs, qui couvrent les vallées du sud, sont des ksour, des villages de terre fortifiés qui englobent parfois une ou plusieurs kasbahs habitées par des notables. Les ksour et les kasbahs, ces précieux bijoux architecturaux, farouches et méfiants, apprécient, tels des faucons, la hauteur des falaises. Ils longent les rives abruptes des grandes rivières du sud : Oued Ounila, Oued Draa et Oued Dadès dans la région de Ouarzazate et Zagora, et Oued Ziz et Oued Ghéris dans le grand Tafilalet. Ces édifices typiques, en épousant la couleur du sol, se soustraient ainsi aux regards. Seuls les merlons de leurs tours et les palmiers en toile de fond stylisent, à leur insu, leurs formes et leurs contours.
           Notons, enfin, que la plupart de ces kasbahs étaient des châteaux forts des caïds Glaouis(5) dont la puissance s’étendait sur tout le sud de Marrakech.
           Le slogan de « mille et une kasbahs » est bien en deçà de la réalité. Les ksour et les kasbahs sont innombrables, ils se succèdent dans les pittoresques vallées du sud de l’Atlas:
      * au sud de Marrakech : de Telouet à Aït Ben Haddou en passant Anemiter, Anguelz, Assaka, Tizgui Nbarda, Tamddaght, Tazellaft …
      * autour de Ouarzazate : à Tazentout, Tifoultoute, Taourirt…
      *Sur la route du Dadès : à Ben Moro, Amridil et les centaines de kasbahs de l’oasis de Skoura ;
      * dans la vallée du Dadès, autour de Kalâat Mgouna et des gorges de Boumalne;
      *dans la vallée du Toudgha, de Tinghir à Errachidia, en passant par Tinjdaj et Goulmima;
      *dans les palmeraies du Tafilalet et dans la vallée du Ziz: d’Erfoud à Merzouga en passant par Rissani ;
      *dans la vallée du Draa : de Zagora à Mhamid El Gouzlane...

           Ainsi, il est illusoire de prétendre pouvoir recenser, et encore moins décrire, ces innombrables kasbahs. Cet opuscule ne fait donc que survoler l’essentiel des trésors architecturaux dont regorge le grand sud marocain.
           Devant la profusion de ces merveilles, le visiteur ne peut que répéter avec Jérôme et Jean Tharaud : «…mon regard se pose tour à tour, sans jamais se lasser, sur toutes ces beautés dispersées»(6).
           Les Ksour et les kasbahs sont des édifices graciles mais très fragiles. En proie aux intempéries et à l’abandon, ils se dégradent inexorablement. Il est donc urgent d’agir pour sauvegarder ce patrimoine architectural et culturel, témoin inestimable du glorieux passé du pays. «C'est l'architecture qui exprime d'abord une civilisation»(7) , disait Jacques Ferron.

Pour consulter la page de cet ouvrage dans le site de l'éditeur,cliquez

ICI


Bonsoir.



(1)Tahar Ben Jelloun – « Les montagnes du silence » - Éditions du Chêne- 2004
(2)Ksour est le pluriel de ksar qui est un village de terre englobant une ou plusieurs kasbahs.
(3)Ighrem, Tighermt ou Tghremt, chacun de ces termes signifie en tamazight: forteresse, citadelle…
(4)« Ces kasbahs de terre rouge qui ne présentent au dehors que d'étroites meurtrières pour laisser passer le fusil. » -J.J.Tharaud, ouvrage:Marrakech, 1920.
(5)Les glaouis, de la famille Glaoua, installés à Telouet, sont devenus maîtres du sud de Marrakech, à la fin du 19 ème siècle.
(6)J. et J. Tharaud – «Rabat ou les heures marocaines» – 1918.
(7)Jacques Ferron : «Cotnoir», Éditions d'Orphée, 1962.

         
Le Jardinier Des Mots                    
Mohammed Marouazi
                



ICI

8 Commentaire(s)-Ajoutez 1 commentaire ICI :

hmida a dit…

Bravo, jardinier! Je te souhaite plein de succès pour tes livres déjà édités et pour ceux à venir!

Un jdidi a dit…

Votre ouvrage contribue à faire connaître, au monde entier, ces bâtisses qui constituent le fleuron du patrimoine architectural national. Il favorise aussi le développement du tourisme dans le sud marocain. Tous mes encouragements.

Anonyme a dit…

جميل أن يكتب المرء وينتج و الأجمل أن يكتب ليعرف ببلده.وفقك الله في مستقبل أعمالك

A.T. a dit…

Voilà un ouvrage qui va contribuer à la connaissance du pays et au rayonnement de son patrimoine.

« Un livre pour quelqu’un qui aime sa terre ça s’écrit avec la terre de son pays »

Christine de Rivoyre

Salvadorali a dit…

@ le Jardinier

bravo et merci pour ton dévouement à la beauté de ton pays et au charme puissant des mots que tu cultives passionnément !

oui c'est dommage que le prix de tes livres ne soit pas adapté à un marketing du livre réellement populaire ! chaque année au salon du livre de casablanca j'en discute avec les éditeurs locaux et étrangers qui opèrent au Maroc et je me dis que ces gens-là au fond méprisent le génie du peuple, pour ma part je compte beaucoup d'amis dont on n'imaginerait pas à priori qu'ils pourraient avoir envie de s'offrir l'un de tes livres, et pourtant ! sauf qu'ils n'ont pas pour la plupart psychologiquement ni matérielement les moyens de consacrer plus de 100 DH à un livre, je parle du "seuil psychologique" en matière de prix des choses et des blocages à l'achat qu'ils peuvent constituer...

alors que pour vendre plus de livres donc moins cher à l'unité il suffit d'en imprimer beaucoup ce qui suppose un marketing approprié, qui commencerait par l'à-priori que tout le monde est susceptible d'en avoir envie ou besoin ! il faut croire que les moindres gens pourraient avoir faim de livres comme de pain, parce que l'homme ne se nourrit pas que de pain, c'est pourtant évident ;-)

pour ce qui est des Qasbas déjà tu constates mon parti-pris de transcription, le fait que j'utilise la lettre "q" plutôt que le "k", je milite en effet pour que la transcription de l'arabe en caractères latins tienne mieux compte des particularités de la langue arabe, les consonnes à sonorités voisines notamment, le "kaf" et le "qaf" notamment...

je conclus ce témoignage de reconnaissance et ce commentaire d'encouragement, en te dédiant ce billet consacré à la ville de chefchaouen et notamment à sa qasba, que j'ai publié récemment : http://salvadorali.centerblog.net/508-chaouen-pour-tous-7-par-ici-la-medina
et en te souhaitant un heureux et fertile Ramadan ;-)

Mohammed Marouazi a dit…

Merci Salvadorali pour ce commentaire encourageant. Je prends note de vos remarques pertinentes.
J’ai visité votre joli site enluminé de belles photos auxquelles le filtre «bande dessinée» confère un effet de relief. On image, sans peine, la place que tient, dans votre cœur, la superbe ville typique et mystique de Chaouen. Belle est, Chefchaouen, la cité bleue de Moulay Ali Ben Rached !

Mostafa Hajy a dit…

Bonjour,

Infatigable et fertile la plume du jardinier, elle trempe toujours dans l’encre sépia pour entretenir la légende berbère et arabo andalouse du pays de ses petits enfants …

Ces casbahs illustrent encore une fois chez le jardinier le pouvoir de rendre les choses présentes uniquement par la puissance des mots .

Les mots ne sont pas de simples agglomérat de lexique phrases, ils complètent la vision du jardinier et suggèrent une invitation le voyage en 3D (images, texte et chuchotement des casbahs)...

Alors, réchauffements assurés :
Historiques d’abord car ces demeures ont propulsé non seulement des dynasties (saadienne, alaouite ou almoravide …) ; mais étaient aussi le siège de batailles, escales de caravaniers vers de Fès, Tombouctou, Sijilmassa , voire lieu de rackets des Puissants qui du haut de leur « Mont St Michel », non seulement surveillaient routes, points d’eau et terres, mais faisaient parait-il payer des impôts sur le droit de passage...

Tout se bouscule dans ce fascicule, dans ma tête, tout va vite & bien . Qu’en reste-t-il après lecture ?

Eh bien, et là j’énumère pour ceux qui n’ont pas le livre sous les yeux : un défilement de 1000 bijoux architecturaux, gravés au flanc des montagnes, parachutés au milieu des oasis, protégés par des arrêtés viziriels ( telles les Kasbah de Taourirt , Tifoultoute ) pour en perpétuer la beauté et la légende….Je compte aussi des panorama d'images Technicolor des productions ciné d’épopées, Lawrence d’Arabie et Gladiator … , souvenirs de ces films qui ont été tournés à Ksar Aït Ben Haddou

; Des peintures d’un Majorelle, fasciné par la clarté de la lumière ; Des séquences d’histoire des 76 forteresses bâties par Moulay Ismaïl pour pacifier le pays ; Des bribes d’histoires inédites telle celle de Telouet qui avait reçu la visite en 42, du général américain Patton18 et du résident général au protectorat du Maroc, Noguès ; Un enfouissement dans un bain de sable pour voir un coucher du soleil à Merzouga et mourir d’ éblouissement des sens …

Et des mots suaves du jardinier sur cette Kalâat Mgouna, la perle de la douce vallée des roses une casbah « parfumée » car je cite « quand on vit au milieu des roses, on en prend malgré soi le parfum …par un printemps, Prince du temps »

Et pour finir je pastiche l’aphorisme marocain du jardinier : « La passion et la volupté résident dans le jardinier et non dans son jardin. »

HAJY

Mohammed Marouazi a dit…

Excellent commentaire ! Beaucoup plus beau que le fascicule apprécié. Quelle verve ! Une cascade d’impressions qui marient bellement et subtilement l’émotion et la description, l’image et la grâce du décor, le réel et le virtuel, le narratif et le poétique… Des phrases qui exaltent ; des mots qui stimulent.
Images, termes et sensations s’entremêlent pour réécrire l’ouvrage sous une forme sublime et illuminée.
Le sublime est la résonance d'une grande âme et comme disait Voltaire: « si l’on n’est pas sensible, on n’est jamais sublime.»
Merci Si Mostafa.